Nadia – Séance Portrait – Grenoble

Aujourd’hui, c’est une série photographique un peu particulière que j’aimerais vous présenter…
Une série complètement authentique, que je définis comme photo-thérapeutique, car Nadia n’a pas été demandeuse de cette séance.
Nadia fait partie d’un projet artistique, un peu malgré elle.

J’ai été sollicitée par la Maison des Habitants de mon quartier, à Grenoble, pour un projet artistique, dans le but de créer du lien.
L’expérience consiste à réunir 12 Figures du quartier (pas forcément des commerçants, mais des personnes impliquées dans la vie du quartier), ainsi que 12 artistes, de médiums variés (photographes, plasticiens,  dessinateurs, graphistes etc).

Ils sont 12 figures, femmes et hommes, sans qui ici ne serait pas vraiment ici. Ils sont 12 et ils sont le quartier. On les croise, on les côtoie, on les reconnait sans nécessairement les connaitre.  12 artistes du quartier vont leur tirer le portait sur la base d’un tirage au sort. Des duos inédits artiste/habitant, des rencontres aléatoires, comme celles qui se font dans la rue. Pour chaque portrait, un texte d’accompagnement mis en mots par Anaïs Escot, auteure, sur la base d’entretiens.
Le choix de ces 12 est forcément arbitraire. La Maison des Habitants Chorier Berriat, les Unions de Quartiers du secteur 1, la MJC Parmentier, CAP Berriat et des commerçants participeront à ce difficile choix. Et nous sommes tombés d’accord pour dire qu’il y en a bien d’autres… Nous sommes 12, nous sommes 20, nous sommes 100, nous serons bientôt plus de 30 000 sur le secteur 1 de Grenoble : des habitants. Qui méritent tous d’être (re)connus…
L’exposition FIGURES sera accrochée aux murs de la Maison des Habitants Chorier-Berriat puis se répartira dans différents commerces et équipements du secteur.

Nadia, comme beaucoup, n’aime pas se voir en photo. Comme je pars du postulat que tout est prétexte à photographie, nous avons donc décidé ensemble de réaliser la prise de vue dans le Verger Essen’ciel. Il s’agit d’un verger entretenu et partagé par les habitants du quartier Vallier-Catane à Grenoble, dans lequel est très impliquée Nadia.

L’endroit idéal pour cette séance.

Nadia a pleuré en se découvrant.

Le texte d’Anaïs Escot, des Machines, en complément de ce portrait :
« Nadia

Qui pour croire qu’il n’y a rien ? 

Entre l’école et le parking, nada ?

Sans doute pour un qui ne sait pas attendre, pas regarder. Un qui passe et s’impatiente au feu toujours rouge. Mais le vert c’est ici, tournez donc un peu la tête ! A votre droite, l’épicentre du hasard, le verger ! Ici les sèves à couvert, l’intérieur qui circule, le flux sous le bois, les radicelles, les entrelacs : tout un art des métamorphoses sans à coups. L’hiver, jamais une morte saison. Bientôt tendre green, mousses en tache, à-plats de céladon piqués de vif, écheveaux jade, ramures en bataille. Ici, tout, bientôt. 

Pourquoi personne ne dit l’ardeur des timides ? 

Et le sentiment d’Eve, première liane, quand ça revient, printemps, été ? Quand ça sort, tout petit, tout frais, tout vert. D’en-dessous, avec la perspective du ciel ? 

On la voit alors s’abandonner aux bourgeons, se troubler au reflet de la fontaine et trembler, heureuse _petite-fille en regain_ quand elle arrose en riant la terre nue du jardin. »